Chanter les Amours en 1553

Les Amours de P. de Ronsard, Vandomoys. Ensemble le Cinqiesme de ses Odes, ledict livre avec sa musique mise en la fin d’iceluy

 On nomme « supplément musical » un livret adjoint au recueil des Amours de Ronsard dans l’édition de 1552. Il regroupe dix mises en musique à quatre voix inspirées de textes des Amours et des Odes par quatre compositeurs contemporains : Claude Goudimel, Pierre Certon, Clément Janequin et Marc-Antoine Muret. Ces feuillets musicaux sont suivis de quatre tables répertoriant d’autres sonnets qui peuvent se chanter sur quatre de ces airs, selon un dispositif de timbres qui permet au lecteur de chanter la plupart des pièces du recueil poétique. Il s’agit là d’une innovation très remarquable, et d’une réalisation décisive pour accomplir l’union de la poésie et de la musique ardemment désirée par les humanistes en général et par Ronsard en particulier. L’hommage à la musique vocale et instrumentale est un thème récurrent des Amours : le poète amoureux se peint lui-même sous les traits d’un musicien et souligne les qualités de musicienne de sa Dame, prétendant être tombé amoureux d’elle en l’entendant chanter et jouer du luth et/ou en la voyant danser. Ce recueil célèbre ainsi l’histoire d’un poète-musicien épris d’une musicienne danseuse. La lecture allégorique est tentante : la Poésie est amoureuse de la Musique et de la Danse. 

Notre conférence-concert se propose de présenter plusieurs de ces sonnets dans une version réduite pour une voix seule et tablature de luth, comme cela se pratiquait couramment au XVI^e siècle ; de décrire cette union de la poésie et de la musique célébrée dans les Amours, en la mettant en perspective avec les nombreuses réussites musicales inspirées au XVI^e siècle par les œuvres d’Horace, de Pétrarque et de Marot ; enfin, de tenter de répondre aux nombreuses questions posées par la réalisation concrète de ce supplément musical.

Jean Vignes